Vietnam : un blogueur condamné pour subversion

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12 août 2011

Par Baptiste Charbonnel, avec Joseph Sotinel

Le franco-vietnamien Pham Minh Hoang a été condamné à trois ans de prison pour tentative de renversement du gouvernement de Hanoï. Son cas illustre le durcissement du régime.

« Un homme calme, introverti, réfléchi, soucieux de son pays ». C’est la description que fait de lui un compatriote qui l’a connu à Paris à la fin des années 1980. Âgé de 56 ans, professeur de mathématiques franco-vietnamien, Pham Minh Hoang n’a pas le profil du dangereux criminel. Il a pourtant été condamné le 10 août à trois ans de prison ferme, plus trois ans de résidence surveillée par le tribunal de Ho Chi Minh Ville.

ACCUSÉ D’AVOIR “NOIRCI L’IMAGE DU PAYS”

Son crime ? Avoir « noirci l’image du pays », selon l’expression du juge, à travers 33 articles rédigés sur son blog. La liberté d’opinion est pourtant protégée par l’article 69 de la constitution vietnamienne, mais elle est réduite à la peau de chagrin par le code pénal. L’article 79 notamment, qui interdit les « organisations insurrectionnelles », a été retenu contre le blogueur. Sans vraiment d’espoir d’être acquitté, Pham Minh Hoang a dû se justifier : « Mes écrits ne visaient pas à renverser qui que ce soit. J’ai seulement pointé du doigt les choses négatives dans la société et je crois que le pays a besoin d’être plus démocratique. Si j’avais su que je pourrais être poursuivi aujourd’hui, je n’aurais pas fais ça », a-t-il ajouté, avant de faire part à la cour de ses « regrets ».

Marié et père d’une fillette de six ans, Pham Minh Hoang a vécu en France de 1973 à 2000. Il a ouvert son premier blog en 2004. Sur internet, il est moins connu dans son pays qu’à l’étranger, où ses posts sont repris dans les magazines associatifs de la diaspora vietnamienne. Ses papiers dénoncent la corruption des fonctionnaires, pointent un système éducatif archaïque, et livrent ses positions écologistes. Il a notamment critiqué les conséquences destructrices de l’exploitation de la bauxite dans la région des Hauts-Plateaux.

MEMBRE D’UNE ORGANISATION PRO-DÉMOCRATIE

Circonstance très aggravante aux yeux des autorités, Pham Minh Hoang a reconnu être membre de Viet Tan. Considérée comme « terroriste » par Hanoï, qui a fait d’elle son « principal ennemi » en 2002, l’organisation milite pour la démocratie. Militant en France, Michel Tran Duc assure que « les autorités craignent les organisations structurées et le moyen de pression que Viet Tan représente à l’étranger ».

L’organisation joue un rôle important auprès des familles des dissidents emprisonnés. Alors que le régime les isole économiquement, en les empêchant de travailler, Viet Tan leur apporte une aide.

Le régime d’Hanoï s’est considérablement durci depuis 2007 : « les autorités ont fait preuve de souplesse avant l’adhésion à l’OMC (organisation mondiale du commerce) obtenue en janvier 2007. Après cette échéance, elles ont refermé le couvercle. Les arrestations et les procès politiques se sont succédés », décrypte Michel Tran Duc. Le printemps arabe a aussi joué un rôle. Effrayé par la perspective d’une contamination, le régime a accru la répression.

Pour Gilles Lordet, rédacteur en chef à Reporters sans frontières, le Vietnam évolue vers un « modèle » chinois : « Le pays était déjà une dictature assez similaire au pouvoir chinois, mais maintenant, le Premier ministre (Nguyen Tan Dung) impose une personnalisation du pouvoir. Il s’est nommé président du conseil de sécurité, centralisant ainsi un peu plus les pouvoirs. »

DES DISSIDENTS LOURDEMENT RÉPRIMÉS

Parmi les dissidents lourdement réprimés, le militant des droits de l’homme Vi Duc Hoi a été condamné le 28 janvier à huit ans de prison, suivi d’une assignation à résidence de 5 ans, pour « propagande contre l’Etat Socialiste ». Le juriste et blogueur Cu Huy Ha Vu a vu sa condamnation à 7 ans de prison pour “propagande contre l’Etat” confirmée le 2 août.

La peine de Pham Minh Hoang aurait pu être encore plus sévère, d’après Michel Tran Duc : « Sa double nationalité vietnamienne et française l’a « servi ». Car depuis son arrestation, le 13 août 2010, la France a fait pression en sa faveur auprès des dirigeants vietnamiens ». Paris conteste le verdict et demande à Hanoï de le « reconsidérer ».

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