La crispation du régime vietnamien sur les droits de l’homme illustre son rapprochement avec la Chine

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LE MONDE | 22.01.10

L’Europe et les Etats-Unis ont sacrifié, jeudi 21 janvier, au rituel des communiqués indignés après les lourdes condamnations infligées, mercredi et jeudi, par la justice vietnamienne à des militants des droits de l’homme. Mais au Quai d’Orsay, à Paris, on ne cachait pas, jeudi matin, “un véritable étonnement devant un tel durcissement” du régime de ce pays de l’Asie du Sud-Est surnommé “la petite Chine” et qui avait un temps, au milieu des années 1990, incarné l’avant-garde des pays émergents. Un pays, de surcroît, qui a mieux résisté que ses voisins à la crise financière internationale.

Mercredi, quatre militants étaient sanctionnés par des peines de cinq à seize ans de prison ferme par la cour populaire de Ho Chi Minh-ville pour tentative de renversement du régime communiste. Parmi eux, l’avocat Le Cong Dinh, connu pour sa défense de confrères militants des droits de l’homme, a été condamné à cinq ans d’emprisonnement et le blogueur informaticien Nguyen Tien Trung, formé en France, à sept ans. Ils ont été reconnus coupables d’“activités visant à renverser l’administration du peuple”.

Banderoles pro-démocratie

Jeudi, la justice vietnamienne a confirmé d’autres peines infligées à un groupe de six dissidents accusés, à Haïphong (nord-est), de “propagande” contre le régime communiste. L’écrivain Nguyen Xuan Nghia avait été condamné en octobre 2009 à six ans d’emprisonnement. Cinq autres accusés avaient reçu des peines de deux à quatre ans. Il leur était reproché d’avoir accroché des banderoles pro-démocratie, distribué des brochures et diffusé leurs opinions sur Internet.

L’ambassade américaine à Hanoï s’est dite, jeudi, “profondément troublée” par ces procès. Selon elle, les peines soulèvent “de sérieuses questions sur les engagements du Vietnam en matière d’Etat de droit”. Pour les pays de l’Union européenne (UE) présents au Vietnam, ces condamnations “constituent un pas en arrière majeur”. Les organisations de défense des droits de l’homme, dont Amnesty International, ont souligné le recours systématique aux mauvais traitements par la justice vietnamienne.

“La crispation de Hanoï doit être lue à l’aune de sa relation avec la Chine”, explique Sophie Boisseau du Rocher, chercheur à l’Asia Centre, spécialiste de l’Asie du Sud-Est. “Le Vietnam vient de prendre la présidence, en janvier, de l’Asean (Association des nations d’Asie du Sud-Est), dit-elle, et adresse un message très clair à ses partenaires : il est hors de questions de faire évoluer les normes régionales en matière de droits de l’homme ou d’expression ; le seul exemple à suivre, c’est le grand frère chinois, avec pour objectif de se fondre dans son sillon sans lever d’obstacles qui pourraient altérer les relations commerciale et financière avec la grande puissance voisine.”

Au travers de ces lourdes condamnations s’expriment aussi la primauté et l’autorité du Parti communiste vietnamien (PCV) sur le pays. Un contrôle d’autant plus renforcé et arbitraire que le congrès du PCV se profile dans les prochains mois et que la mondialisation a entraîné la multiplication des flux financiers et commerciaux avec l’étranger, faisant souffler un air libéral que le régime ne veut pas voir s’étendre à la sphère politique. A ce jour, les communautés religieuses chrétiennes, notamment évangéliques, financées par l’étranger, étaient les plus revendicatrices mais, ces derniers mois, les voix dissidentes se sont également multipliées dans la société civile contre la dérive autoritaire du régime. “Le Vietnam vient de dire au monde qu’il suivra coûte que coûte la Chine dont dépend son avenir”, assure Mme Boisseau du Rocher.

Jacques Follorou

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/22/la-crispation-du-regime-vietnamien-sur-les-droits-de-l-homme-illustre-son-rapprochement-avec-la-chine_1295269_3216.html

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