Traiter avec un régime comme celui du Vietnam est risqué

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6 novembre 2009

En septembre, le Premier ministre [australien] a engagé des fonctionnaires du gouvernement australien à nouer des contacts avec les responsables d’un parti politique d’un autre pays – non pas des représentants du gouvernement mais des responsables du parti. Cette décision a été prise lorsque Kevin Rudd a reçu avec tapis rouge le chef du Parti Communiste du Vietnam. Dans un communiqué, le gouvernement a déclaré qu’il s’engageait « à renforcer les liens entre les organes du Parti communiste du Vietnam et ceux du gouvernement australien ».

Alarmé, j’ai exprimé mes inquiétudes à un ministre. Sa réponse a été que c’était une question de pragmatisme vis-à-vis du Vietnam, une nation sous régime autoritaire.

Eh bien, la révélation par le journal [australien] The Age (The Age’s revelation) d’un soupçon de corruption visant les activités en Australie d’un officiel vietnamien montre que le pragmatisme pourrait conduire à des conséquences imprévues mais graves.

Il est vrai que quoi que fasse le gouvernement australien ou une entreprise australienne au Vietnam, ils rencontrent un Parti communiste arrogant et corrompu largement détesté et méprisé par les gens ordinaires. Il possède et dirige une Assemblée nationale qui légifère contre les travailleurs et en faveur des employeurs, y compris des sociétés australiennes. Dans l’espoir d’améliorer le bilan vietnamien en matière de droits de l’homme, notre gouvernement a payé avec l’argent des contribuables des voyages en avion à des juges vietnamiens afin qu’ils puissent observer ici nos tribunaux. « Juge », ce n’est qu’un titre désignant de hauts responsables du parti qui annoncent dans les tribunaux les décisions du parti. Des juges ont envoyé en prison des journalistes pour avoir dénoncé la corruption du parti. Ils ont approuvé lorsque la police a physiquement bâillonné le prêtre Nguyen Van Ly, un défenseur de la démocratie, lorsqu’il a essayé de parler pour plaider son cas. Récemment, ils ont emprisonné plusieurs blogueurs qui réclament la démocratie.

Quand elle apporte une aide, l’Australie donne un peu d’argent à la société civile, y compris aux soi-disant Syndicats de Femme et Associations d’avocats. Mais toutes les parties de la société civile, des clubs étudiants aux églises officiellement reconnues, sont contrôlées par un organe du Parti Communiste, le Front de la Patrie. Il faut noter que tout en prenant notre argent au nom des droits de l’homme, le chef de Saigon de l’Association des avocats, un responsable du parti, a récemment dénoncé un autre avocat emprisonné sans jugement pour avoir défendu les militants des droits de l’homme.

Une source au sein du ministère des Affaires étrangères, qui a des liens avec l’AusAID, m’a dit que des responsables d’AusAID savent ou du moins suspectent que certains des fonds d’aide australiens sont détournés par des fonctionnaires vietnamiens corrompus. Cela est rarement dénoncé car les journalistes qui le font sont immédiatement réduits au silence par leur emprisonnement. Actuellement, quand c’est exposé, les ministères du régime vietnamien sont responsables, avec aussi une implication d’AusAID. Si AusAID donne de l’argent non pas aux ministères mais aux agences du Parti, le risque grandit qu’AusAID en porte la responsabilité.

Compte tenu de l’omniprésence du parti communiste, est-il inévitable que, pour faire des affaires là-bas, nos responsables gouvernementaux doivent négocier et dîner avec les responsables des agences du Parti communiste ? Non. L’Australie a été en mesure d’y faire des affaires tout en se limitant à traiter avec les ministères.

Cette restriction a l’avantage de préserver la dignité de nos fonctionnaires, de conseillers dans des ministères dont la légitimité découle de son élection. Maintenant, ils doivent s’abaisser au niveau de responsables d’un parti qui tirent profit de la puissance de leur parti, la puissance de celui-ci résultant de sa violence envers des centaines de militants de la démocratie emprisonnés à travers le pays.

Un autre avantage est la transparence. Les correspondances entre nos services et leurs ministères sont des documents officiels, par conséquent soumis à la liberté de la divulgation de l’information. Le Parti communiste, ses institutions, et de nombreux responsables du parti, possèdent tous de grandes entreprises au Vietnam. Si nos ministères traitent directement avec leurs organes du parti et leurs entreprises, la possibilité d’opposer la confidentialité commerciale pour empêcher la liberté d’information est évidente.

Mais un risque bien plus grave est que nos ministères, et donc que notre gouvernement, soient plongés directement dans le monde trouble et corrompu du Parti Communiste. Nous n’aurons pas la distance séparant un ministère d’un autre pour nous protéger.

Comme l’a révélé The Age, une société appartenant à la Banque de Réserve a envoyé 5 millions de dollars dans des comptes secrets suisses appartenant à une personne ayant des liens avec le ministère de la Sécurité publique, un ministère employant des voyous qui oppriment les dissidents et espionnent les citoyens. Nos Affaires étrangères et des responsables Austrade pourraient également été impliqués dans la facilitation de l’approvisionnement de la société de billets en polymère au Vietnam. Même avec le peu d’informations disponibles à ce jour, cela sent mauvais. Que nos ministères traitent directement avec les organismes du Parti communiste, et ce sera bien pire.

Si le premier ministre ne revient pas sur cette voie dangereuse, nos services seront directement embourbés dans les méfaits de ce parti – qui vont largement de la corruption active et passive, à l’implication dans le trafic des enfants et des femmes et la traite des travailleurs sous le prétexte officiel d’exporter des travailleurs dans le monde. Le Premier ministre a déjà dû se courber quand il a utilisé la Chambre du parlement pour accueillir le patron du Parti Communiste. Cet homme est illégitime, non seulement parce que le peuple ne vote pas pour son parti pour le gouverner, mais aussi parce qu’il n’est même pas choisi par les membres ordinaires du parti. Soumettre aujourd’hui nos ministères à l’indignité de traiter avec les organes corrompus de ce parti, voilà qui va trop loin.

Trung Doan est un ancien dirigeant de la Communauté Vietnamienne d’Australie.

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