Une vague de répression sur le patriotisme en ligne

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10 septembre 2009

Dans un pays aussi farouchement patriotique que le Vietnam, vous pouviez vous attendre du gouvernement un plan pour encourager les citoyens à distribuer des T-shirts portant des slogans nationalistes. Toutefois, les T-shirts en question portaient des messages d’hostilité envers la Chine, premier partenaire commercial du Vietnam. Pire encore, leurs porteurs sont populaires et parfois des blogueurs critiques.

Deux blogueurs bien connus et une journaliste ont été arrêtés après que la police a découvert un projet apparent pour imprimer des T-shirts s’opposant aux investissements chinois dans un nouveau projet minier controversé pour exploiter la bauxite dans les hauts plateaux du centre du Vietnam, et remettant en cause les revendications de la Chine sur les îles contestées dans la Mer de Chine du Sud.

Le trio, qui avaient tous écrit sur l’Internet des articles critiquant les relations Vietnam-Chine, est soupçonné d’avoir « abusé des libertés démocratiques » pour saper l’Etat. Vers le milieu de cette semaine, Bui Thanh Hieu, un blogueur qui utilise le nom de plume Nguoi Buon Gio (« Vendeur de Vent »), et Pham Doan Trang, une journaliste qui travaille pour VietnamNet, un site d’informations, ont été libérés sans inculpation, après plusieurs jours de détention. Nguyen Ngoc Nhu Quynh, qui blogue comme sous le nom Me Nam (« Mère de champignons »), était toujours en garde à vue.

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Illustration : Claudio Munoz

Ces arrestations sont les dernières d’une vague de répression continuelle contre les blogueurs et les journalistes. Avant le congrès du Parti communiste en 2011, lorsque les trois principaux postes politiques du pays seront à gagner, le gouvernement est soucieux de maîtriser les critiqueurs les plus véhéments. En décembre dernier, il a imposé de nouvelles restrictions sur les blogueurs, rendant illégal pour eux la publication sous un pseudonyme ou l’écriture sur la politique. Faire respecter ces règles sera dur.

Selon les chiffres du gouvernement, plus de 21 millions de personnes, un quart de la population, utilise l’Internet. Les estimations du nombre de ceux qui possèdent un blog vont d’un minimum de 1 million à un maximum de 4 millions. La grande majorité sont des diaristes personnelles, pas des activistes sociopolitiques, mais la croissance spectaculaire des blogs et la difficulté de les réglementer rend le gouvernement, habitué à exercer un contrôle total des médias, crispé.

Parmi les blogueurs qui se sont retrouvés au banc des accusés, il y a ceux qui ont dénoncé la corruption du gouvernement ou fait des remarques négatives sur l’ex-Union soviétique. Mais le gouvernement semble particulièrement inquiet face aux critiques envers la Chine.

Beaucoup de Vietnamiens restent hostiles à leur voisin du nord, après 1000 ans de domination impériale et une guerre frontalière sanglante en 1979. Mais le pays connaît un important déficit commercial avec la Chine et a besoin plus que jamais de son investissement. C’est ce qui explique l’empressement du gouvernement à aller de l’avant avec le projet minier chinois de la bauxite, en dépit de nombreux critiques des scientifiques et des généraux (ainsi que des blogueurs). Ils s’interrogent sur le passif environnemental des compagnies chinoises et expriment leurs craintes pour la sécurité nationale.

Les groupes internationaux sur la liberté de la presse, qui classent souvent le Vietnam, la Chine et le Myanmar comme parmi les pays les plus risqués pour les blogueurs, ont condamné les récentes arrestations. Les diplomates étrangers craignent que la répression soit préjudiciable à la lutte contre la corruption. Les nouvelles règles pourraient refroidir les blogueurs et les journalistes qui auraient trop peur de couvrir des sujets risqués, même vaguement, la loi n’est pas claire sur ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas rapporter.

Mais tous ne sont pas dissuadés. « Ils ne vont chercher que les gros poissons », dit un jeune blogueur Hanoï, qui a également critiqué ouvertement plusieurs fois la Chine. D’ailleurs, il ajoute, le gouvernement est peut-être en train de se tirer une balle dans le pied. Lorsque les bloggeurs sont arrêtés, leur lectorat prend habituellement la relève.

http://www.economist.com/world/asia/displaystory.cfm?story_id=14419371

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