Les leçons tirées du 30 Avril 1975

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Tran Dieu Chan – 8 avril 2020

À l’occasion du 45e anniversaire de la fin de la guerre du Vietnam, le 30 avril 1975, identifier les erreurs du passé permet aux Vietnamiens d’éviter les erreurs tragiques dans l’avenir et de mettre un terme aux jours sombres et ouvrira de nouvelles perspectives pour un nouvel avenir de paix et de liberté.

Leçon I : Il n’y a jamais d’aides gratuites ou désintéressées.

Cette philosophie est particulièrement vraie dans les relations internationales, où seuls les intérêts comptent. Par conséquent, dans les relations internationales, nous devons considérer et placer les intérêts nationaux en premier lieu afin de ne pas être leurrés ou désappointés dans l’attente d’une aide gratuite. Pendant la guerre 1954-1975, le Nord-Vietnam a commis l’erreur de s’aligner aveuglement sur le bloc communiste international. Et dans le même temps, le Sud-Vietnam a placé une confiance démesurée dans les Etats-Unis et ses alliés, jusqu’à ce que Washington change de politique, entame le dialogue avec la Chine et abandonne le Sud-Vietnam.

La politique agressive de Pékin en mer de Chine méridionale et la stratégie de sinisation du Vietnam au cours des dernières décennies ont montré la ferme volonté de la Chine d’annexer le Vietnam. Malgré cela, le Parti communiste vietnamien (PCV) continue d’entretenir des relations de vassalité avec la Chine, ce soi-disant voisin et ami du Nord, à travers le dicton « 16 mots d’or 4 bonnes pratiques ». En échange, le Parti Commaniste Chinois (PCC) apporte tout son soutien idéologique et matériel le PCV pour que ce dernier conserve le monopole du pouvoir. Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que la dépendance du Vietnam à l’égard de la Chine ne cessera que lorsque le PCV ne sera plus au pouvoir et remplacé par un gouvernement démocratique.

Leçon II : la force de l’union nationale est la clé de la maîtrise du destin national

Le destin du Vietnam doit résider dans les mains des Vietnamiens. Le Vietnam occupe une place stratégique en Asie du Sud-Est. Le pays compte une population de 100 millions d’habitants, jeune, laborieuse avec beaucoup de potentiels techniques et économiques. Pour ces raisons, il y aura toujours des forces extérieures qui voudront influencer ou contrôler le Vietnam. Dans les relations internationales, les vietnamiens doivent savoir exploiter nos avantages intrinsèques pour servir en premier les intérêts de la nation et du peuple. Avec des dirigeants élus de manière démocratique et qui représentent réellement le peuple, le futur Vietnam devra mener une politique étrangère amicale, habile et harmonieuse, une coopération bénéfique et équitable avec les autres pays du monde.

Leçon III : la justice sociale ne peut se développer que dans un environnement pluraliste et démocratique.

Cette justice est totalement antinomique avec un régime autocratique-socialiste ou communiste. L’ « économie de marché à orientation socialiste » s’est avérée désastreuse, inadaptée aux besoins multiples d’échanges, d’initiatives personnelles, d’épanouissements personnels. Depuis plus d’un siècle, le monde a montré qu’un pays, une société ne peut s’épanouir qu’en acceptant les différences et en les résolvant sur la base d’activités politiques pluralistes, multipartites. La preuve la plus concrète est que les pays d’Europe de l’Est, après la révolution démocratique de 1989, ont eu la chance d’échapper au régime communiste et de poursuivre le modèle politique libéral-démocratique au cours des 30 dernières années. Aujourd’hui, en rejoignant l’Union Européenne, beaucoup de ces pays deviennent des pays économiquement développés, sans commune mesure avec le Vietnam dans la même période (1989-2019), bien que leurs ressources (humaines, naturelles) soient loin derrière celles du Vietnam. Faisons une comparaison entre ces pays de l’Europe de l’Est et le Vietnam sur ces 30 dernières années.

Premièrement, en observant à travers les indicateurs de développement définis par les organisations internationales, le Vietnam a pris du retard par rapport à l’Europe de l’Est : premièrement, le revenu national brut par tête (RNB ou GNI Gross National Income), est une mesure de la performance du pays. Selon les données publiées en 2018 par le Fonds Monétaire International, le revenu par habitant de 170 pays dans le monde, y compris un certain nombre d’anciens pays communistes est classé comme suit: République de Slovénie, 26 000 $ US – classé 32/170; République tchèque, 22 000 $ US – 28/170; Hongrie, 16 000 $ US – 52/170; Pologne, 15 400 $ US – 54/170; Roumanie, 13 000 $ US, classée 67/170.

Pendant ce temps, le RNB du Vietnam était de 2 800 $ US et se classait 129/170. L’indice RNB montre que le potentiel économique des pays d’Europe de l’Est s’est non seulement bien progressé mais a dépassé largement celui du Vietnam d’aujourd’hui, bien que le niveau économique de l’Europe de l’Est et du Vietnam en 1990 ait un point commun, c’étaient tous des pays pauvres.

Deuxièmement, l’indice de développement humain (IDH) est un indicateur composite de l’espérance de vie moyenne, du taux d’alphabétisation, de l’éducation et du niveau de vie des pays dans le monde. Il s’agit d’un indicateur de la qualité de vie, en particulier pour le bien-être des enfants. Il s’agit également d’un indicateur qui détermine l’impact des politiques économiques sur la qualité de vie. En 2017, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a publié à titre de comparaison l’indice de développement humain (IDH) de 197 pays et régions, les résultats ont montré que la République de Slovénie se classait 26/197; la République tchèque en position 27/197; la Pologne en position 36/197; la Roumanie est en position 50/197; la République d’Albanie à la position 68/197. le Vietnam est classé 116/197 dans le groupe des pays les moins avancés.

Troisièmement, l’Index de la démocratie, établi par The Economist au Royaume-Uni, est basé sur cinq classifications générales : 1) la conduite d’élections libres et équitables; 2) les libertés des citoyens; 3) le fonctionnement du gouvernement; 4) la participation politique; et 5) la culture politique. En 2018, l’Economist Intelligence Unit (EIU) a classé les anciens pays communistes orientaux selon l’Index de la démocratie comme suit: la République tchèque est classée 34/167; la République de Slovénie 36/167; la Bulgarie 46/167; la Pologne 54/167; la Hongrie 57/167; la Roumanie 66/167; et Vietnam 139/167. Sur la base de ces indicateurs, il est clair que les habitants des anciens pays communistes d’Europe orientale, après 30 ans de changement ont bénéficié de la sécurité sociale de base, de l’éducation, des droits politiques et des droits civiques comme dans d’autres pays d’Europe occidentale qui jouissent d’une démocratie de longue date.

Leçon IV : la force nationale ne pourra s’épanouir que sur la base des principes d’humanisme – respect des droits de l’homme et de la dignité humaine.

Ces principes sont à la base de l’élaboration de politiques au service du bien-être de la population. Il s’agit d’une ligne directrice pour construire le pays et mettre en œuvre des politiques qui à la fois stabilisent la société et invitent les contributions positives de la population et développent tous les potentiels de la nation.
Ces politiques sont éclairées par cet objectif de service et d’humanisme, qui apportera les résultats que nous avons vus dans les principaux pays développés du monde en termes d’indices de bonheur, tels que ceux de l’Europe du Nord, de la Suisse, Pays-Bas, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Allemagne, etc…, où les gens ne sont pas aussi riches que les États-Unis en terme de PIB/tête, mais ils ont une vie plus tranquille, moins stressée et plus heureuse, peu menacée par les tueries de masse, avec une bonne couverture sociale, etc.

Plus près du Vietnam, en termes de géographie et de culture, se trouvent des pays dotés de modèles de développement qui méritent d’être étudiés, comme Taiwan, la Corée du Sud, le Japon et Singapour, qui les ont aidés à devenir des moteurs économiques, respectés par le monde, et les citoyens sont fiers de leur pays. Par conséquent, un Vietnam civilisé et développé au 21e siècle rendra les Vietnamiens fiers d’être les citoyens d’un pays où toutes les personnes, tous les sexes, tous les groupes ethniques sont également respectés et ont des chances égales de poursuivre leurs propres rêves et vivre une vie heureuse.

Pour ce faire, la Constitution doit être rédigée pour protéger et servir le peuple, et non pour le réprimer afin de protéger les intérêts d’une minorité au pouvoir. Surtout, la société doit toujours encourager et se concentrer sur la promotion et le renforcement de la confiance et de la solidarité pour guérir des souvenirs brisés et douloureux. Reconstruire la fierté nationale dans un esprit d’humilité et de coexistence amicale avec les autres pays.

Conclusion

Ces quatre leçons aideront les vietnamiens à « brûler les étapes » pour rattraper rapidement les autres pays dans le développement économique et humain. Afin de réaliser le « rêve vietnamien » que de nombreuses générations s’y sont courageusement sacrifiées mais qui n’ont pas pu encore la réaliser, c’est la fierté de vivre dans un beau pays, dans la liberté, la prospérité, la paix, où les gens se sentent solidaires et s’entraident. Une société où la violence, l’oppression, l’injustice, la peur et la pauvreté omniprésentes ne sont plus qu’un lointain souvenir. La 45e Commémoration du 30 avril 1975 est une grande opportunité pour tous les Vietnamiens de s’engager dans le « rêve vietnamien » pour œuvrer ensemble pour l’avenir du Vietnam.

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