Un blogueur franco-vietnamien en prison au Vietnam

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21 décembre 2010

Par Jelena Tomic

PNG - 136 ko
Flickr/Tudopmh

Pham Minh Hoang, un blogueur franco-vietnamien de 55 ans, se trouve en prison à Ho Chi Minh ville depuis plus de quatre mois. Arrêté par les autorités de Hanoï le 13 août, il risque la peine de mort. Officiellement, il a été incarcéré pour avoir diffusé sur internet, sous le pseudonyme de Phan Kien Quoc, une trentaine d’articles critiques contre le régime vietnamien, qui dénoncent entre autres la corruption, l’injustice sociale ou les inégalités croissantes dans son pays, et qui ont eu beaucoup de succès parmi les internautes.

Parce qu’il a exprimé son opinion sur un blog, Hoang risque la peine capitale. Les autorités l’accusent de « tentative visant à renverser le régime ». Par ailleurs, la loi vietnamienne permet aux autorités de maintenir en prison les détenus politiques quatre mois. Une prolongation de la détention qui peut être renouvellée jusqu’à trois fois. En d’autres termes, Pham Minh Hoang peut rester en prison jusqu’à un an, sans procès et sans accès à un avocat.

Inquiétude de la famille

D’après son frère Duy-Khanh Pham qui vit en France, Pham Minh Hoang est en isolement total depuis plus d’un mois. Les seules personnes qui ont pu lui rendre visite sont sa femme et le consul français à Ho Chi Minh ville. Les conditions de sa détention sont très difficiles, il serait soumis presque quotidiennement à des interrogatoires.

Duy-Khanh Pham indique que l’état physique de son frère est très dégradé. L’épouse de Pham Minh Hoang a, quant à elle, constaté que psychologiquement, son mari avait changé. Toute la famille est très inquiète des charges qui pèsent contre le blogueur et de sa possible condamnation à une lourde peine pour des faits décrits par ses proches comme « mensongers ». Duy Khanh Pham insiste sur l’honnêté de Pham Minh Hoang et sa bonne réputation de professeur d’université qui n’a fait qu’exprimer son opinion.

Un contexte politique tendu

Ce qu’il faut souligner, c’est le contexte politique particulièrement tendu aujourd’hui au Vietnam et qui qui pourrait porter préjudice au blogueur ainsi qu’à de nombreux autres dissidents. L’approche du Congrès du Parti communiste qui doit avoir lieu dans la première quinzaine de janvier est synonyme de répression accrue et d’arrestations tous azimuth des dissidents.

Pour Vincent Brossel, responsable de l’Asie et du Pacifique à Reporters sans frontières, le fait que ce congrès du parti unique n’autorise qu’une seule voix représente la pierre angulaire du problème. Selon lui, au Vietnam, il existe des affrontements entre pro-chinois et pro-occidentaux, entre le nord et le sud, entre les générations et les lignes économiques. RSF redoute que les dissidents et les démocrates ne payent le prix de ces tensions internes au parti communiste.

Vietnam : deuxième prison du monde pour les blogueurs

Evoquer le cas de Pham Minh Hoang revient à aborder le problème de la liberté d’expression et des droits de l’homme au Vietnam. Avec une presse essentiellement officielle, les quelques sites internet qui tentent de repousser les limites de la censure sont toujours sous la pression du régime.

Les blogueurs, les cyber-dissidents et les militants des droits de l’homme en général sont constamment dans la ligne de mire du régime. Si la constitution promeut la liberté de parole et de la presse, dans la pratique le gouvernement limite sévèrement ces libertés, en particulier lorsqu’il s’agit de politique ou de religion.

RSF décrit d’ailleurs le Vietnam comme la deuxième prison du monde pour les blogueurs après la Chine et Pham Minh Hoang comme un modèle de la résistance pacifique et militante.

Le quai d’Orsay suit la question avec attention

Vincent Brossel de RSF estime que le « Vietnam a choisi le modèle de développement à la chinoise sur internet, à la différence de la Birmanie, qui est beaucoup plus contrôlée et restrictive. Les internautes jouissent d’un accès très large, avec un engouement des jeunes, de nombreux cyber-cafés et une connexion assez peu chère.

Mais en même temps, on constate un renforcement de la surveillance qui se traduit par des blocages de sites, des filtrages et des arrestations de net-citoyens et de blogueurs, ce qui est la meilleure manière pour le régime d’effrayer tous les autres. En résumé, on veut l’internet parce que c’est un accélérateur économique, mais on ne veut pas ses défauts ».

Le quai d’Orsay a confirmé à RFI qu’il était en contact avec les autorités vietnamiennes sur ce cas et qu’il suivait la question avec attention. Cette année, seize blogueurs ont été arrêtés au Vietnam ainsi que plus de trente dissidents et militants des droits de l’homme.

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