Vietnam : Des écrivains récompensés pour leur engagement en faveur de la liberté d’expression

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6 écrivains vietnamiens reçoivent le prestigieux prix Hellman/Hammett

(New York, 4 août 2010) – Human Rights Watch a déclaré aujourd’hui que six écrivains vietnamiens figuraient parmi les 42 écrivains de 20 pays qui vont recevoir le prestigieux prix Hellman/Hammett en reconnaissance de leur courage face aux persécutions politiques.

“Les écrivains vietnamiens sont souvent poursuivis, voire même emprisonnés, pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions”, a déclaré Phil Robertson, directeur adjoint pour l’Asie de Human Rights Watch, qui gère chaque année le prix Hellman/Hammett. “En honorant les écrivains courageux qui ont souffert des persécutions politiques, ont perdu leur emploi, ou même sacrifié leur liberté, nous espérons attirer l’attention internationale sur ces personnes que le gouvernement vietnamien essaie de réduire au silence.”

Cette année, tous les lauréats du Vietnam sont des écrivains dont le travail et le militantisme ont été balayés par le gouvernement dans ses efforts pour restreindre la liberté d’expression, contrôler les médias indépendants et limiter le libre accès et l’utilisation d’internet.

Les mesures du gouvernement vietnamien contre certains des lauréats incluent notamment de perturber leur vie personnelle et professionnelle, de pirater leurs sites web, de couper leurs lignes téléphoniques, et de faire pression sur les membres de leur famille afin d’exhorter les lauréats à cesser leurs activités. Certains lauréats ont même été attaqués et blessés par des bandes de voyous encouragés officiellement, ou ont été dénoncés et humiliés lors de réunions publiques orchestrées par le gouvernement. Tous ont été arrêtés et détenus, et quatre sont actuellement en prison.

Parmi les lauréats vietnamiens de cette année figurent Bui Thanh Hieu, qui écrit sous le nom de “Nguoi Buon Gio” (Marchand de Vent) ; Nguyen Ngoc Nhu Quynh, une blogueuse connue sur le net comme “Me Nam” (Maman Champignon) ; Pham Van Troi, un militant pour les droits de l’homme ; Tran Duc Thach, poète et militaire à la retraite, Vu Van Hung, et Tran Khai Thanh Thuy, romancière. Pham Van Troi, Tran Duc Thach, Vu Hung et Tran Khai Thanh Thuy sont actuellement emprisonnés (Vous trouverez ci-après leur biographie détaillée.)

Les subventions Hellman/Hammett sont remises chaque année aux écrivains du monde entier qui ont été la cible de persécutions politiques ou de violations des droits de l’homme. Le programme de subventions a commencé en 1989 lorsque la dramaturge américaine Lillian Hellman a stipulé dans son testament que ses biens devaient être utilisés pour aider les écrivains connaissant des problèmes financiers pour avoir exprimé leurs opinions.

Hellman a été incitée à créer le programme d’aide aux écrivains alors qu’elle et son compagnon, le romancier Dashiell Hammett, ont été victimes de persécution, durant la chasse aux sorcières anti-communiste des années 1950 aux Etats-Unis, lorsqu’ils ont été tous deux interrogés par les commissions du Congrès américain au sujet de leurs convictions et affiliations politiques. Hellman en a souffert professionnellement et avait du mal à trouver du travail. Hammett a passé du temps en prison.

En 1989, les exécuteurs testamentaires de Hellman ont demandé à Human Rights Watch de concevoir un programme pour aider les écrivains pris pour cibles pour avoir exprimé des opinions contraires à celles de leur gouvernement, pour avoir critiqué des responsables gouvernementaux ou les actes de ceux-ci, ou pour avoir traité de sujets que leur gouvernement ne souhaitait pas voir jaillir à la lumière.

Ces 21 dernières années, plus de 700 écrivains de 92 pays ont bénéficié du prix Hellmann/Hammett pouvant s’élever jusqu’à 10.000 US$, pour un total de plus de 3 millions US$. Le programme octroie également des subventions d’urgence à des écrivains qui ont un besoin urgent de quitter leur pays ou qui nécessitent des soins médicaux immédiats après avoir purgé des peines de prison ou subi des tortures.

“Les subventions Hellman/Hammett visent à aider les écrivains qui osent exprimer des idées critiquant la politique officielle ou les gens au pouvoir” a déclaré Marcia Allina, coordinateur du prix Hellman/Hammett. “Beaucoup d’écrivains partagent un objectif commun avec Human Rights Watch : protéger les droits humains des personnes vulnérables en faisant la lumière sur les abus et en faisant pression sur l’opinion publique pour promouvoir un changement durable et positif.

Vous trouverez ci-après de courtes biographies des lauréats vietnamiens de cette année :

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Bui Thanh Hieu, qui blogue sous le nom de “Nguoi Buon Gio” (Marchand de Vent), est l’un des blogueurs les plus connus au Vietnam. Son blog critique la politique du gouvernement envers la Chine, son approbation des mines controversées de bauxite, et sa mauvaise gestion des veillées de prière catholique. Hieu a été arrêté en août 2009 et détenu pendant plus d’une semaine pour “abus de liberté démocratique”. Sa maison a été perquisitionnée et son ordinateur portable confisqué. En Mars 2010, Hieu a été convoqué et interrogé par la police pendant plusieurs jours. Il reste sous surveillance et pourrait être arrêté et emprisonné à tout moment.

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Nguyen Ngoc Nhu Quynh, qui blogue sous le nom de “Me Nam” (Maman Champignon), a été détenue et interrogée après avoir été photographiée portant un T-shirt avec la mention “Non à la Bauxite, Non à la Chine : Les îles Spratley et Paracel appartiennent au Vietnam”. En septembre 2009, elle a été emmenée de son domicile au milieu de la nuit par la police et interrogée sur des articles critiquant la politique du gouvernement envers la Chine et de ses protestations concernant les îles Spratley. Elle a été libérée après 10 jours, mais reste sous surveillance de la police, qui continue exercer des pressions pour qu’elle ferme son blog. Sa demande de passeport a été rejetée.

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Pham Van Troi a utilisé divers pseudonymes pour écrire sur les droits de l’homme, la démocratie, les droits fonciers, la liberté religieuse, et les différends territoriaux entre la Chine et le Vietnam. Il a été un membre actif du Comité pour les droits de l’homme au Vietnam, l’une des rares organisations des droits de l’homme autorisées à opérer au Vietnam, et a également écrit pour le bulletin dissident To Quoc (Patrie). Depuis 2006, il a été à plusieurs reprises harcelé et convoqué par la police. Il a été arrêté en septembre 2008 et accusé de diffuser de la propagande anti-gouvernementale. En mai 2009, le Groupe de travail des Nations unies sur la Détention Arbitraire a indiqué que Pham Van Troi était détenu à tort. Malgré ce rapport, il a été condamné en octobre 2009 à quatre ans de prison, suivis de quatre ans de résidence surveillée.

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Tran Duc Thach a écrit un roman, des centaines de poèmes, et des articles et des rapports qui dénoncent la corruption, l’injustice et les violations des droits de l’homme. Vétéran de la l’Armée de Libération du Peuple, il est membre du Nghe An Writers Club. En 1988, son roman, Ban Doi Tu (Deux compagnons de prison), décrit le caractère arbitraire du système juridique du Vietnam et les conditions inhumaines dans les prisons vietnamiennes. Ses poèmes publiés sous le titre de Dieu Chua Thay (Choses Jamais Vues) parlent de la vie sans liberté et sans justice. Depuis 1975, Tran Duc Thach a été harcelé à plusieurs reprises. En 1978, la pression est devenue telle qu’il s’est immolé par le feu et a été grièvement brûlé. Depuis, il a été arrêté 10 fois et traduit en justice à quatre reprises, chaque fois relâché faute de preuves. En 2009, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a conclu qu’il avait été injustement et arbitrairement détenu lors de sa dernière arrestation en septembre 2008. Malgré cela, il a été condamné à une peine d’emprisonnement de trois ans, qui sera suivie par trois ans de résidence surveillée.

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Tran Khai Thanh Thuy, romancière de premier plan et journaliste, elle écrit à propos des droits fonciers des agriculteurs, des droits de l’homme, la corruption, et le pluralisme politique. Elle est souvent critique envers le gouvernement et le Parti communiste vietnamien. En octobre 2006, elle est dénoncée dans un simulacre de procès devant des centaines de personnes. Le mois suivant, elle est licenciée de son emploi de journaliste et placée en résidence surveillée. En avril 2007, elle est arrêtée à son domicile et détenue au secret dans la prison B14 à Hanoï pendant neuf mois. En 2008 et 2009, elle subit le harcèlement répété de la police et des bandes de voyous de quartier, dont au moins 14 attaques par des voyous jetant des excréments et des rats morts chez elle. Puis, en octobre 2009, elle est arrêtée après avoir essayé d’assister aux procès d’amis dissidents et purge actuellement une peine de 42 mois de prison. Elle a le diabète et la tuberculose, mais on lui a refusé toute assistance médicale en prison.

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Vu Van Hung est enseignant et collaborateur du bulletin dissident To Quoc (Patrie). Il a été licencié de son emploi en raison de son engagement pour les militants pour la démocratie et les écrivains dissidents. Il a été détenu pendant neuf jours en 2007, puis placé en résidence surveillée. Il a écrit Nine Days in Jail pour raconter l’histoire de son interrogatoire. En avril 2008, il a été arrêté et roué de coups pour s’être joint à une manifestation pacifique contre la Chine lors du passage de la torche olympique de Pékin à Saigon. Il a de nouveau été arrêté en septembre 2008 pour avoir accroché sur un pont une banderole en faveur de la démocratie multipartite. Il purge actuellement une peine de prison de trois ans, qui doit être suivie de trois ans de résidence surveillée. Son procès en 2009 a eu lieu quelques mois seulement après que le Groupe de travail des Nations unies sur la Détention Arbitraire ait conclu qu’il était victime d’une détention abusive et arbitraire. On pense qu’il est détenu à la prison de Hoa Lo 2 à Hanoï, où il souffrirait de problèmes de santé suite aux coups violents reçus au cours des interrogatoires et à une grève de la faim d’un mois.

http://www.hrw.org/en/news/2010/08/03/vietnam-writers-honored-commitment-free-speech

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